World Gastroenterology Organisation Global Guidelines
Mai 2013
Review Team
Richard Hunt (co-chair, Canada/Royaume Uni)
Eamonn Quigley (co-chair, Etats-Unis)
Zaigham Abbas (Pakistan)
Abraham Eliakim (Israël)
Anton Emmanuel (Royaume Uni)
Khean-Lee Goh (Malaysie)
Francisco Guarner (Espagne)
Peter Katelaris (Australie)
Andre Smout (Pays Bas)
Mohammad Umar (Pakistan)
Peter Whorwell (Royaume Uni)
John Johanson (Etats-Unis)
Roque Saenz (Chile)
Luc Besançon (France)
Edith Ndjeuda (France)
John Horn (Etats-Unis)
Pali Hungin (Royaume Uni)
Roger Jones (Royaume Uni)
Justus Krabshuis (France)
Anton LeMair (Pays Bas)
Jean-Jacques Gonvers (Suisse)
(Cliquez pour agrandir la section)
A l’occasion de la Journée Mondiale de la Santé Digestive, ces directives constituent la première revue à considérer quatre symptômes gastro-intestinaux clés comme point de départ: brûlures rétrosternales, douleurs/gêne abdominales, ballonnement et constipation. Son approche par cascades à quatre niveaux de soins fait qu’elle est également unique en son genre: auto-assistance et remèdes en vente libre; le point de vue du pharmacien, du médecin de premiers recours—là où les symptômes jouent un rôle primordial dans l’anamnèse du patient. Son but est de fournir des guidelines (directives) uniques et utiles dans le monde entier afin de faciliter la prise en charge de symptômes gastro-intestinaux courants, inquiétants mais pas pour autant handicapants. Les directives ont été mises au point par une équipe de spécialistes en gastro-entérologie et en médecine de premier recours, en collaboration avec la Fédération internationale de pharmacie (International Pharmaceutical Federation (FIP)).
Les symptômes gastro-intestinaux—sauf peut-être les brûlures rétrosternales—se présentent habituellement sous une forme chronique ou récidivante et sont attribués au pharynx, à l’oesophage, à l’estomac, aux voies biliaires, à l’intestin ou à la région anorectale. Il existe des données sur l’épidémiologie des symptômes pris individuellement, mais il y en a davantage sur les groupes de symptômes (« clusters ») gastro-intestinaux fonctionnels (FGIDs)—des troubles qui à ce jour ne peuvent pas être expliqués par des anomalies structurales ou biochimiques. Ces troubles touchent beaucoup de personnes et représentent une grande partie du travail en médecine de premiers recours et en gastro-entérologie. Une étude de consensus multinationale, utilisant des critères prédéfinis en matière de symptomatologie, a permis de catégoriser ces symptômes dans des troubles gastro-intestinaux fonctionnels distincts [1].
Il n’existe que relativement peu de données sur l’épidémiologie des symptômes pris individuellement (à l’exception de la constipation), alors qu’il existe pas mal de données sur les troubles gastro-intestinaux fonctionnels. Ces derniers sont souvent utilisés en lieu et place des symptômes individuels. Dans le cadre de ce guideline on parlera de maladie de reflux gastro-oesophagien (GERD) plutôt que de brûlures rétrosternales et de syndrome de l’intestin irritable (IBS) plutôt que de douleurs abdominales/ballonnement.
Lorsque, dans une communauté, on considère une affection particulière, il est important de distinguer dans le cas particulier entre les problèmes gastro-intestinaux déjà diagnostiqués ou non diagnostiqués. Il existe une grande tranche de la population qui souffre de tels problèmes mais qui n’ont pas reçu un diagnostic précis de la part de leur médecin [2]. Dans le cas de la dyspepsie, on estime que seulement 50% des personnes qui en souffrent consulte leur médecin [3]. Les raisons de consulter le médecin peuvent être déterminantes pour la prise en charge.
L’épidémiologie locale ou régionale d’une maladie est importante pour la prise en charge de ces problèmes gastro-intestinaux: la prévalence des maladies parasitaires, telles les vers, la giardiase et les virus, ainsi que l’incidence des affections malignes, doivent être prises en considération. Par exemple, la giardiase au Mexique ; les virus de l’hépatite en Asie du Sud-est; et dans le sud de la région des Andes, les cancers gastriques et de la vésicule biliaire doivent être pris en considération dans le diagnostic différentiel.
Des facteurs culturels et religieux peuvent également modifier la réponse du patient aux symptômes: par exemple les japonais sont connus pour leur tolérance élevée à la douleur; dans d’autres cultures, se montrer fort en résistant à la douleur ou à d’autres maladies peut être considéré comme une espèce de sacrifice qui pourrait être bénéfique à l’âme et dans la vie d’outre-tombe. Le fait de devoir affronter des stress environnementaux ou psychologiques tels la guerre, la migration, la famine, l’abus sexuel ou l’intimidation peut se révéler très important comme cause de maladie et de symptômes. Finalement, une nourriture très épicée peut constituer un véritable problème dans certaines cultures.
Les variations entre les pays sur la fréquence des symptômes abdominaux doivent être interprétées avec précaution car elles peuvent également refléter des différences culturelles, linguistiques ou dans la manière de les exprimer, ainsi que dans les méthodes utilisées pour l’étude [4].
Des différences culturelles peuvent être à l’origine de variations en matière de [5]:
1.1.1 Amérique du Nord/Etats-Unis
En 1993, Drossman et al. [1] ont publié les données d’une étude menée dans les ménages aux Etats-Unis sur la prévalence de 20 affections gastro-intestinales fonctionnelles, remplissant les critères diagnostiques de Rome.
1.1.2 Europe/Pays occidentaux
1.1.3 Asie
1.1.4 Amérique latine—symptômes gastro-intestinaux fonctionnels
o Symptômes digestifs 67%; critères pour le syndrome de l’intestin irritable 26% (ce qui représente une incidence élevée comparée à d’autres données latino-américaines); âge moyen à l’apparition des symptômes 41.3 ans (extrêmes 20–66 ans); âge moyen au début de la symptomatologie 26.5 ans.
o Patients symptomatiques se présentant chez un médecin: 43%.
o Davantage de cholécystectomies ont été rapportées dans le groupe de patients avec le syndrome de l’intestin irritable: 30.4% versus 13.7% dans le groupe sans intestin irritable (le Chili a une incidence élevée de cancer de la vésicule biliaire).
o Aucune différence n’a été trouvée en ce qui concerne le statut socio- économique, la région géographique ou une anamnèse familiale de l’intestin irritable.
1.1.5 Afrique—symptômes gastro-intestinaux fonctionnels
Les symptômes gastro-intestinaux fonctionnels existent également en Afrique, mais de toute évidence il y a des lacunes significatives dans les données existantes [26–28].
L’Organisation mondiale de gastro-entérologie (World Gastroenterology Organisation ; (WGO/OMG)) a mis au point des algorithmes tant diagnostiques que thérapeutiques pour la prise en charge des patients avec le but d’établir des recommandations selon les ressources à disposition plutôt que de se concentrer sur un « gold standard ». Cependant, pour ce guideline en particulier, une autre approche à été favorisée, basée sur l’endroit où les gens s’adressent pour bénéficier des soins: auto-assistance, conseils du pharmacien, médecin de premier recours/médecin de famille, ou un spécialiste en gastro-entérologie. Ici on ne mentionne pas d’instructions très poussées à l’attention du spécialiste en gastro-entérologie, des sources suffisantes étant à disposition sur internet ainsi que dans la littérature spécialisée; les références sont mentionnées partout dans ce guideline.
Les patients sous traitement devraient s’adresser à un pharmacien afin de savoir si les options d’auto-médication mentionnées dans ce document comportent des contre- indications ou des interactions connues en relation avec les autres médicaments qu’ils prennent. Dans certains pays, les médicaments en vente libre ne sont délivrés que par des pharmacies communautaires. Dans la majorité des pays du monde, les pharmaciens ne peuvent que recommander des médicaments en vente libre (ils n’ont pas le droit de les prescrire) dans le but d’aider les patients, tandis que dans d’autres pays il existe une gamme intermédiaire de médicaments qui ne sont délivrés que par un pharmacien. Distinguer entre les décisions sur la prise en charge qui sont basées sur la recommandation du pharmacien et ceux qui sont véritablement un choix d’auto- assistance représente donc souvent un défi. Afin de résoudre ce problème, les deux méthodes (auto-assistance vs. conseils du pharmacien) ainsi que la solution sont décrites ici (dans les deux cas, il s’agit de médicaments en vente libre).
Il faut cependant prendre en considération le fait que les pharmaciens étudient les médicaments de façon systématique, pour deux raisons:
Il existe de plus en plus d’évidence que des facteurs diététiques [29], du style de vie, cognitifs, émotionnels/comportementaux, ainsi que des facteurs psychosociaux peuvent tous jouer un rôle dans l’étiologie, le maintien et l’efficacité clinique des traitements pour les troubles gastro-intestinaux fonctionnels [30].
Lors de l’évaluation des symptômes courants qui font l’objet de ce guideline, un diagnostic de trouble gastro-intestinal fonctionnel peut être posé si la symptomatologie du patient est compatible avec des critères diagnostiques déjà publiés concernant un trouble gastro-intestinal fonctionnel donné [31] en l’absence d’une anamnèse pouvant suggérer un diagnostic d’affection organique qui pourrait expliquer les symptômes (voir ci-dessous). L’âge et le sexe sont les variables cliniquement les plus significatives.
La responsabilité du diagnostic incombe habituellement uniquement au médecin et ceci exclut l’auto-assistance et l’intervention d’un pharmacien.
La multitude des symptômes gastro-intestinaux fonctionnels peut être attribuée à quatre régions anatomiques majeures: oesophagienne, gastroduodénale, intestinale et anorectale:
o Douleurs thoraciques fonctionnelles
o Brûlures rétrosternales fonctionnelles
o Dysphagie fonctionnelle
o Dyspepsie fonctionnelle
• Dyspepsie de type ulcère
• Dyspepsie de type trouble de la motilité
• Dyspepsie non spécifique
o Aérophagie
o Syndrome de l’intestin irritable
o Constipation fonctionnelle
o Diarrhée fonctionnelle
o Ballonnement abdominal fonctionnel
o Douleurs abdominales chroniques
o Douleurs biliaires fonctionnelles
• Dyskinésie du sphincter d’Oddi
o Incontinence fonctionnelle
• Souillure fécale
• Incontinence fécale nette
o Douleurs anorectales fonctionnelles
• Syndrome des releveurs
• Proctalgie fugace
o Problèmes de défécation—dyschésie
Les sections suivantes (2.2 et 2.3) donnent des recommandations pour l’évaluation et le contrôle des quatre principaux symptômes traités dans ce guideline.
o Brûlures rétrosternales o Douleurs abdominales o Crampes abdominales o Gêne abdominale
• Ballonnement, distension, flatulence, autres plaintes en relation avec les gaz intestinaux
• Pesanteur abdominale, sentiment de tension, plénitude
o Troubles de la défécation
• Diarrhée
• Constipation
• Alternance de diarrhée et de constipation
• Selles avec excès de mucus
• Urgences
• Ténesme
o Autres
• Nausées
• Vomissements
• Selles noires avec un aspect de “goudron” (melaena)
• Sang frais sur les selles ou filets de sang et/ou mucus
o Episode inaugural (début brutal)
o Durée de la symptomatologie—“ça se passe depuis combien de temps?”
o Durée des épisodes
o Fréquence (toujours, régulièrement, occasionnellement, par intermittence)
o Circonstances—en relation avec les repas, la posture, le moment de la journée, en relation avec la défécation, le cycle menstruel
o Sévérité—par exemple sur une échelle de 1 = basse à 10 = haute (1–4 légère, 5–7 modérée, 8–10 sévère)
o Niveau de souffrance (sur une échelle visuelle analogue)
o Effet sur:
• Les activités quotidiennes
• La vie sociale
• Le travail, la scolarité
• La possibilité de faire de l’exercice physique
• Les habitudes alimentaires
• Le sommeil
• La vie sexuelle
o Maux de tête
o Fièvre
o Toux
o Perte de poids inexpliquée
o Relation avec des événements ne touchant pas le tractus digestif : la grossesse, la dysurie, la dyspareunie
o Autres symptômes non gastro-intestinaux et comorbidités psychologiques
o Âge, sexe
o Style de vie—tabagisme, consommation d’alcool, nourriture/régime alimentaire, exercice physique, sommeil, stress, voyages
o Culture du patient, en ce qui concerne la nourriture et le régime alimentaire
o Savoir-faire du patient en matière de santé et comment ceci peut influencer son aptitude à l’auto-assistance
o Etat de santé—facteurs anamnestiques:
• Symptômes actuels et antérieurs, facteurs psychosociaux, anamnèse familiale
• Comorbidités—antérieures ou consécutives
• Médicaments sur ordonnance ou en vente libre, compléments alimentaires
o Tentatives pour soulages les symptômes
o Automédication avec un ou plusieurs remèdes/médicaments
o Visite à une droguerie, un pharmacien, un magasin de diététique, un guérisseur ou un praticien en médecine complémentaire, un acupuncteur
o Consultation d’un médecin, d’un spécialiste
o Disponibilité ou non de médicaments en vente libre ou sur ordonnance
o Traitements non médicaux, non traditionnels, phytothérapie, acupuncture, etc.
o Attentes du patient
o Type de médicament(s) utilisés lors de la survenue de symptôme(s)
o Fréquence de la prise médicamenteuse, dosages
o Moment de la prise médicamenteuse—en tant que prévention, à la demande lors de la survenue des symptômes, ou de manière continue/»traitement de maintien »
o Efficacité et niveau de satisfaction, compte-rendu d’une modification de la symptomatologie, symptômes nouveaux, effets indésirables
o Durée des épisodes en présence ou en l’absence de prise médicamenteuse
o “Autre” prise médicamenteuse
o Questionnaires Rome III à but diagnostique (cf. http://www.romecriteria.org/questionnaires)
o Manifestations comportementales (utilisation du comportement comme mode de communication—critères non relevants pour poser un diagnostic:
• Expression verbale ou non verbale des variations de l’intensité de la douleur
• Nécessité d’un rapport urgent lors de symptomatologie aigüe
• Minimisation ou déni d’un rôle de facteurs psychosociaux
• Demande de tests diagnostiques supplémentaires
• Focalisation sur une guérison totale
• Recherche fréquente de soins
• Faible prise de responsabilité personnelle en ce qui concerne l’autogestion
• Demande d’analgésiques de type narcotique
o Taux de base d’infections par Helicobacter pylori, cancer gastrique, oesophage de Barrett et adénocarcinome de l’oesophage
o Facilité d’accès aux moyens diagnostiques et thérapeutiques
o Formule sanguine complète (FSC)
o Vitesse de sédimentation (VS) / protéine C-réactive (PCR)
o Examens biochimiques
o Sang occulte dans les selles (patient âgé de > 50 ans)
o Test de grossesse
o Tests hépatiques
o Calprotectin ou autre examen des selles afin de détecter une maladie inflammatoire de l’intestin (MICI) chez les patients avec un éventuel MICI, mais chez qui une telle maladie serait possible; se fait d’office dans beaucoup de cabinets de médecine de premier recours (au Royaume Uni)
o Sérologie pour la maladie coeliaque ; se fait d’office dans les régions à haute prévalence pour la maladie coeliaque
o Examen des selles pour oeufs et parasites
o Anomalies macroscopiques
o Biopsie, histologie
o Etude de la motilité oesophagienne, manométrie à haute résolution
o Manométrie anorectale
o Examen baryté gastro-intestinal—examen en double contraste, repas baryté, transit suivi, entéroclyse
o Lavement baryté en double-contraste
o Ultrasonographie abdominale
o Tomographie computérisée abdominale (CT scan abdominal), imagerie par résonnance magnétique de l’abdomen (IRM abdominal)
o Tests à l’hydrogène expiré (breath tests): au lactose, au glucose, au fructose [32]
o Elimination alimentaire, suivi d’un test de provocation avec des composants diététiques spécifiques ; peut être considéré comme test diagnostique
o Essai thérapeutique par suppression de l’acide (test avec inhibiteur de la pompe à protons (IPP)) chez des patients avec des brûlures rétrosternales ou d’autres symptômes pouvant être en relation avec un reflux d’acide
o Allergies ou intolérances alimentaires, intolérance au lactose, infiltrats à éosinophiles
Il faut souligner que tous les symptômes gastro-intestinaux courants ne sont pas tous d’origine fonctionnelle. Ceci est particulièrement le cas pour les brûlures rétrosternales. La plupart des patients présentant des brûlures rétrosternales souffre d’une maladie de reflux gastro-oesophagien, avec ou sans lésions visibles de la muqueuse oesophagienne. Selon le consensus Rome III, même les patients sans lésion visible endoscopiquement mais avec des brûlures rétrosternales reçoivent un diagnostic de maladie de reflux pourvu qu’il existe des preuves qu’un reflux du contenu gastrique soit à l’origine de leur symptomatologie. On parle alors de maladie de reflux non érosive. Ces patients ne souffrent pas d’une maladie gastro-intestinale fonctionnelle. Ce n’est que lorsque les brûlures rétrosternales sont présentes en absence de lésion de la muqueuse, en absence d’une exposition anormale de l’oesophage à l’acidité, et en absence d’une association positive entre les symptômes et les épisodes de reflux lors d’un monitoring du reflux, et que les brûlures rétrosternales ne répondent pas à un traitement par un inhibiteur de l’acide et qu’un diagnostic de brûlures rétrosternales fonctionnelles peut être posé [33].
o précocement pendant la période postprandiale
o pendant l’exercice physique
o en décubitus
o pendant la nuit
o Le moyen le plus simple est de définir la réponse à un traitement par antacides et inhibition de la sécrétion acide (ou aux alginates).
o Une pH-métrie de 24 heures (48–72 heures avec la capsule oesophagienne Bravo) ou une pH-métrie par impédance peuvent être effectuées afin d’évaluer la présence d’acide dans l’oesophage et de montrer une association dans le temps entre les brûlures rétrosternales et les épisodes de reflux.
o Une gêne rétrosternale de type « brûlure » ou douleur
o Evidence qu’un reflux gastro-oesophagien n’est pas à l’origine de la symptomatologie
o Absence d’une maladie oesophagienne confirmée histologiquement
o Les critères sont remplis pendant les 3 mois précédents, avec un début de la symptomatologie au moins 6 mois avant le diagnostic
o Un reflux occasionnel peut être traité convenablement avec des antacides.
o Les patients devraient éviter de consommer les aliments qui semblent déclencher les symptômes—par exemple le chocolat, le café, les aliments gras.
o Utiliser le chewing gum peut augmenter la production de salive et de ce fait neutraliser partiellement l’effet de l’acide.
o Elever la tête du lit à l’aide de livres ou de briques peut s’avérer utile pour les brûlures rétrosternales nocturnes.
o Les inhibiteurs des récepteurs H2 (anti-H2) représentent un traitement en vente libre efficace et utilisé à large échelle.
o La plupart des patients avec des brûlures rétrosternales occasionnelles n’ont pas besoin d’un traitement par IPP à vie et pour eux ces problèmes de sécurité à long-terme n’entrent donc pas en ligne de compte.
o Par contre, les patients qui nécessitent un traitement à long terme à haute dose devraient bénéficier d’un suivi.
o Les IPP faiblement dosés sont maintenant à disposition en vente libre dans beaucoup de pays.
3.6.1 Auto-assistance pour les brûlures rétrosternales
Critères d’exclusion pour l’auto-assistance [48]:
o Brûlures rétrosternales sévères ou nocturnes depuis > 3 mois
o La symptomatologie persiste après un essai de traitement de 2 semaines avec un anti-H2 ou un IPP en vente libre
o La symptomatologie persiste même sous prise d’un anti-H2 ou d’un IPP sur ordonnance médicale
Prise en charge:
o Perdre du poids en cas de surcharge pondérale; ceci représente la mesure la plus importante en ce qui concerne le style de vie
o Eviter le tabac, le café, l’alcool, les boissons gazeuses, le chocolat, la menthe, les aliments gras ou la friture, les agrumes ou leur jus, les produits à base de tomates, l’ail ou l’oignon, les mets épicés
o Petits repas fréquents
o Elever la tête du lit de 20–25 cm sur des briques ou des billes
o Eviter la prise d’aliments ou de liquides dans les 3 heures avant d’aller se coucher
o Antacides—à recommander pour l’usage à court-terme ou par intermittence
• Les antacides simples permettent de neutraliser l’acide gastrique—par exemple, sels de sodium, calcium, magnésium et d’aluminium
• Les alginates, avec l’acide alcinique combiné à de petites doses d’antacides: effet tampon minime
o Diminution de la sécrétion gastrique acide
• Anti-H2—efficace jusqu’à 10 heures
• IPP—efficaces jusqu’à 24 heures
o Vidange gastrique—les procinétiques permettent de diminuer le reflux gastro-oesophagien, mais il n’existe que peu de médicaments pour une utilisation clinique et leur efficacité n’a été trouvée que modeste lors d’études cliniques. Eviter le métoclopramide.
o Les buts de l’auto-médication sont de faire disparaître la symptomatologie et de rétablir une qualité de vie optimale, tout en utilisant le traitement le plus efficace en termes de coûts.
o En cas de soulagement insatisfaisant ou incomplet, les patients devraient s’adresser à un professionnel de la santé afin de subir une évaluation à but diagnostique.
3.6.2 Pharmacien
o Bisphosphonates, aspirine/anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), fer, potassium, quinidine, tétracycline
o Zidovudine, agents anticholinergiques, antagonistes alpha-adrénergiques, barbituriques
o Agonistes β2-adrénergique, inhibiteurs calciques, benzodiazépines, dopamine
o Oestrogènes, analgésiques narcotiques, nitrates, progestérone, prostaglandines, théophylline
o Antidépresseurs tricycliques, chimiothérapie
o S’il existe une prise de tels médicaments, il faut suggérer au patient de s’adresser à un médecin généraliste/de famille
o Eviter les AINS, les suppléments en potassium, les bisphosphonates et autres médicaments potentiellement responsables.
o En plus des mesures de style de vie et diététiques, il faut également considérer un traitement de sels d’aluminium, de sels de magnésium, de sels de calcium, de sels d’aluminium et de magnésium en combinaison, d’alginates, ou d’antacides/anti-H2 ou IPP (au dosage disponible en vente libre).
o Adresser le patient à un médecin s’il est âgé de > 60 ans ou s’il est âgé de 50–60 avec des facteurs de risque connus pour un cancer (par ex. tabac, alcool, obésité).
o En l’absence d’amélioration dans les deux semaines, adresser le patient à un médecin généraliste/médecin de famille.
3.6.3 Médecin de premier recours
o Anamnèse, status de santé, médicaments, âge
o Allergies, anamnèse familiale d’allergies alimentaires ou d’oesophagite à éosinophiles, d’angioedème héréditaire ; à distinguer des intolérances alimentaires
o Symptômes, durée, fréquence, situation, médicaments
o Signes d’alarme
o Evaluer la réponse à un traitement avec les IPP.
o Il n’existe pas de données qui suggèrent que le fait d’augmenter la dose des IPP pourrait être utile en présence d’une réponse inadéquate à la dose standard. Prendre l’IPP 2 x par jour 30 minutes avant les repas peut cependant augmenter la réponse au traitement chez certains patients. Les augmentations “aveugles” des doses d’IPP contribuent grandement à l’augmentation des coûts de la santé.
o Toute consommation de nourriture ou de boisson après le dernier repas du jour est à déconseiller—pas de boisson avant le coucher.
o Si le traitement s’avère efficace, réduire la dose au niveau qui est toujours efficace.
o Si le traitement échoue, penser à effectuer une endoscopie.
o Prélever des biopsies en présence de lésion macroscopique, si le patient présente une dysphagie, ou si une infection à H. pylori ou une oesophagite à
éosinophiles entrent en considération.
o Proposer un contrôle annuel aux patients nécessitant un traitement à long terme pour leurs symptômes.
o En l’absence de signes d’alarme, il n’est pas nécessaire de faire une endoscopie de routine ; par contre, chez les patients de >55 ans présentant une dyspepsie inexpliquée, persistante ou à début brutal, une endoscopie d’urgence s’impose.
o Dans les régions avec une incidence élevée de cancer gastrique, il faut envisager d’effectuer une endoscopie précoce.
3.6.4 Spécialiste
Ce guideline n’entre pas en matière en ce qui concerne la prise en charge des brûlures rétrosternales par un spécialiste et le lecteur peut s’informer en consultant les derniers guidelines sur la prise en charge de la maladie de reflux gastro-oesophagien [49,50].
o Douleurs abdominales continues ou presque continues.
o Aucune relation ou seulement occasionnellement entre la douleur et les évenèments physiologiques (par exemple, l’alimentation, la défécation, les règles).
o Une certaine diminution dans les activités de tous les jours.
o La douleur n’est pas simulée.
o Il n’existe trop peu de symptômes pour remplir les critères diagnostiques pour une autre affection gastro-intestinale fonctionnelle qui pourrait expliquer la douleur.
o Les critères ont été remplis pendant les 3 mois précédents, avec un début de la symptomatologie au moins 6 mois avant de poser le diagnostic.
4.6.1 Auto-assistance pour les douleurs/la gêne abdominales
o Persistance de la symptomatologie malgré un traitement complet par des médicaments sur ordonnance ou en vente libre
o Vomissements
o Perte pondérale involontaire
o Augmentation de la symptomatologie, interferant avec l’activité quotidienne du patient
o Douleurs tout d’abord dans l’ensemble de l’abdomen mais qui se localisent dans un endroit précis, surtout dans le quadrant inférieur droit
o Douleurs accompagnées par une fièvre de >38.3 °C ou >101 °F
o Douleurs associées à une impossibilité d’uriner, d’aller à selle ou d’évacuer les gaz
o Douleurs sévères, évanouissement, impossibilité de se déplacer
o Douleurs qui semblent avoir leur origine au niveau des testicules
o Douleurs thoraciques irradiant dans le cou, la mâchoire, les bras, accompagnées d’essoufflement, de faiblesse, d’un pouls irrégulier ou de
sudations
o Nausées, vomissements ou diarrhées en continu
o Malaise/douleurs extrêmes dans l’abdomen
o Vomissement de sang ou de « marc de café »
o Selles noires ou sanglantes
o Pour les diarrhées ou la constipation, prise de médicaments en vente libre si nécessaire
4.6.2 Pharmacien
o Le traitement standard actuel pour le syndrome de l’intestin irritable consiste en général à traiter les symptômes avec des médicaments pour soulager les douleurs, la constipation et/ou les diarrhées [51,52].
o Les dernières données à disposition tendent à suggérer qu’une recherche d’intolérances alimentaires spécifiques serait utile [32,53,54].
o D’autres stratégies diététiques peuvent également s’avérer bénéfiques, telles une augmentation de l’apport de fibres dans l’alimentation en présence d’une constipation ou la prise d’un probiotique connu pour son efficacité dans le traitement du syndrome de l’intestin irritable.
o Les antacides et les IPP sont probablement inappropriés pour le traitement de crampes/douleurs abdominales [5]—bien que les laxatifs puissent provoquer des crampes, ils sont efficaces afin de diminuer les douleurs chez les patients avec une constipation opiniâtre.
4.6.3 Médecin de premier recours
o Adresser les patients âgés de >50 ans avec des signes d’alarme pour une endoscopie haute et/ou basse (selon les circonstances): perte pondérale, anémie, hématémèse, méléna, sang rouge sur les selles
o Anamnèse du patient
o Examen physique—palpation légère et profonde, auscultation, percussion, examen rectal ou pelvien, du pénis et des testicules, chercher les signes de déshydratation et d’ictère
o Evaluation psychosociale—anamnèse de syndrome de stress post- traumatique (PTSD), maltraitance physique ou psychosociale, somatisation, anxiété, dépression, relations familiales et de son mode de fonctionnement
o Tests de laboratoire standard—formule sanguine complète à la recherche d’une anémie ou d’une infection, électrolytes sanguins, créatinine et urée à la recherche d’une origine métabolique; tests hépatiques, lipase et amylase, en particulier chez les patients avec des douleurs abdominales hautes; marqueurs de l’inflammation; analyse urinaire et culture urinaire afin d’exclure une infection du tractus urinaire et une cystite interstitielle; sang occulte dans les selles (patient > 50 ans); sérologie pour une maladie coeliaque; calprotectine
o Examens complémentaires—cultures de selles, œufs et parasites et sérologie pour Giardia afin de pouvoir identifier toute cause bactériologique, parasitaire ou protozoaire; test de grossesse dans l’urine et dans le sang; recherche d’une infection par H. pylori chez les patients avec des symptômes gastro-intestinaux hauts (selon la prévalence et la disponibilité des moyens de test—par exemple, test respiratoire à l’urée, antigène fécal ou sérologie); dans certains cas en présence de douleurs pelviennes et abdominales basses: prélèvement vaginal, frottis, hormone chorionique gonadotrope humaine (hCG), antigène prostatique spécifique (PSA), et cytologie urinaire
o Traitement symptomatique:
• Anti-muscariniques
• Menthe
• Changements diététiques—FODMAPs, régimes sans lactose/fructose
• Autres médicaments: antidépresseurs tricycliques (TCAs) ou inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (SSRI)
o Chez les patients avec des douleurs abdominales fonctionnelles (FAPD) utilisation de narcotiques peut conduire au développement d’un syndrome du côlon dû aux stupéfiants (narcotic bowel syndrome)—caractérisé par l’utilisation en augmentation des stupéfiants pour le soulagement de la douleur et, paradoxalement, par le développement d’une hyperalgésie
o Réévaluation après un traitement symptomatique de 3–6 semaines
o Penser à utiliser le questionnaire Rome III Psychosocial Alarm
Questionnaire for Functional Gastrointestinal Disorders afin de pouvoir
identifier d’éventuelles marqueurs de troubles psychosociaux graves [56]
o Autres examens diagnostiques—tests de laboratoire et radiologiques
o Adresser le patient à un gastro-entérologue [57], à une consultation de la douleur
4.6.4 Specialiste
o En anglais, le ballonnement et la distension sont différenciés l’un de l’autre: le ballonnement est considéré comme un symptôme tandis que la distension représente une distension observable et mesurable de l’abdomen. Dans plusieurs autres langues, telle l’espagnol, il n’est pas possible de faire une telle différentiation.
o Dans les pays occidentaux, « satiété précoce » se réfère à un sentiment de trop-plein très vite après avoir commencé à manger, disproportionné par rapport à la quantité de nourriture ingérée. En revanche, « ballonnement » fait allusion à un sentiment de plénitude sans aucune relation avec une prise alimentaire pouvant expliquer une telle sensation.
o Une impression de ballonnement récidivante ou une distension apparente au moins 3 jours par mois pendant les 3 mois précédents
o L’absence de critères suffisants pour permettre de poser un diagnostic de dyspepsie fonctionnelle, de syndrome de l’intestin irritable ou d’une autre maladie gastro-intestinale fonctionnelle
o “Physiologiques”: voyage en avion, modification du régime alimentaire en voyage—par exemple, celles-ci peuvent conduire à un ballonnement transitoire et/ou flatulence
o Syndrome de l’intestin irritable
o Aérophagie
o Anorexie et boulimie
o Gastroparésie
o Obstruction gastrique, sténose pylorique
o Dyspepsie fonctionnelle
o Facteurs diététiques:
• Intolérance au lactose ou au fructose
• Consommation de fructose, de sorbitol, ou d’autres sucres non absorbables
• Consommation importante d’hydrates de carbone
• Sensibilité au gluten
o Maladie coeliaque
o Constipation chronique
o Colonisation bactérienne de l’intestin grêle
o Trouble de la motilité de l’intestin grêle (par exemple, sclérodermie)
o Diverticulose de l’intestin grêle
o Transit intestinal perturbé
5.6.1 Auto-assistance pour le ballonnement
o Partager la prise alimentaire en trois repas par jour plus deux collations. Il serait plus judicieux d’augmenter la fréquence et de diminuer la quantité d’aliments à chaque prise (manger moins à chaque repas plutôt que de prendre un grand repas). Prendre un petit en-cas avant de se coucher est déconseillé.
o Limiter la consommation d’hydrates de carbone qui sont difficiles à digérer tels les haricots, les légumes secs, les brocolis, les choux, les choux-fleurs et les choux de Bruxelles. Préférer plutôt les hydrates de carbone qui sont faciles à digérer telles les pommes de terre, le riz, la laitue, les bananes, les raisins et le yaourt.
o Eviter les boissons contenant de la caféine.
o Diminuer la consommation d’aliments et de boissons contenant des gaz, tels le soda ou la bière.
o Augmenter progressivement la quantité de fibres alimentaires dans le régime sur une période de quelques semaines plutôt que sur quelques jours afin de permettre à l’organisme de s’adapter.
o Consommer des produits laitiers fermentés, riches en probiotiques connus pour leur effet bénéfique sur le ballonnement.
o Limiter la consommation d’aliments contenant du polyol—par exemple, les édulcorants tels le maltitol, le sorbitol, le xylitol et l’isomaltose.
o Diminuer la consommation d’aliments riches en graisse animale ainsi que d’aliments gras ou de friture.
o Eviter de trop manger; prenez le temps de manger lentement et de bien mâcher la nourriture.
o Maintenir un indice de masse corporelle (IMC) sain—essayer d’atteindre un poids optimal.
o Eviter les aliments qui fermentent dans l’estomac (ce qui peut provoquer un ballonnement) ainsi que les féculents, le choux, le lait et les boissons alcooliques—garder à l’esprit que le régime alimentaire devrait être varié.
o Préférer les protéines: un régime fait de protéines et de produits laitiers, associé à une diminution des sucres et les graisses, peut améliorer le ballonnement de façon significative.
5.6.2 Pharmacien
o Associer les médicaments aux changements de régime alimentaire.
o La phytothérapie, l’homéopathie et l’aromathérapie sont parfois conseillées afin d’améliorer les symptômes, mais il n’existe aucunes preuves de leur efficacité.
o Si le ballonnement dure plusieurs semaines ou s’aggrave.
o En présence d’autres symptômes, tels les diarrhées ou la constipation, les douleurs abdominales, les vomissements, les hémoptysies, la perte pondérale involontaire, etc.
o En association avec une perte pondérale involontaire, des diarrhées, des douleurs abdominales, particulièrement après les repas, le ballonnement peut constituer une indice pour une maladie plus grave, en particulier si une masse abdominale est palpable.
o En présence d’une absence totale de passage de gaz intestinaux et de selles, et en présence de douleurs abdominales sévères, il faut adresser le patient pour une consultation d’urgence.
5.6.3 Médecin de premier recours
o Régime alimentaire—essai avec un traitement d’exclusion du lactose puis de réintroduction, régime FODMAP (régime évitant oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides, fermentescibles [32], éviction de certains aliments ; probiotiques. Il faut cependant effectuer un seul changement à la fois.
o Thérapies psychologiques—il a été démontré que l’hypnose peut être bénéfique pour améliorer le ballonnement chez les patients avec le syndrome de l’intestin irritable; des mesures comportementales peuvent être utiles pour les patients souffrant d’aérophagie.
5.6.4 Spécialiste
Nous nous focalisons ici sur la constipation fonctionnelle plutôt que sur le syndrome de l’intestin irritable—douleurs abdominales associées à un trouble de la défécation. En pratique clinique, les termes « constipation fonctionnelle » et « constipation chronique » sont souvent utilisées de façon interchangeable et reconnaissent la nature chronique des symptômes tout en excluant le syndrome de côlon irritable (IBS). La présence de douleurs abdominales basses comme symptôme dominant est le plus souvent utilisée pour faire la distinction entre le syndrome de l’intestin irritable et la constipation, mais dans la pratique il peut être difficile de faire une telle distinction.
o Efforts et/ou gêne à la défécation
o Selles moins fréquentes
o Selles plus dures, sèches ou davantage en morceaux que d’habitude
o Crampes abdominales ou ballonnement
o Gêne ou douleurs dans le bas du dos ou dans l’estomac
o Sentiment d’exonération incomplète des selles
o Nausées, irritabilité, diminution de l’appétit
o Lassitude / fatigue
Dans une étude menée au Canada, 5% de la population (2% des hommes et 8% des femmes) présentaient un ou plusieurs symptômes gastro-intestinaux bas; 51% de ces patients souffraient de constipation [59].
o Efforts lors d’au moins 25% des défécations
o Selles dures ou en boulettes lors d’au moins 25% des défécations
o Sensation d’exonération incomplète lors d’au moins 25% des défécations
o Sensation d’obstruction/blocage anorectal lors d’au moins 25% des défécations
o Manoeuvres digitales lors d’au moins 25% des défécations (par exemple, évacuation digitale, pression sur le plancher pelvien)
o Moins de trois défécations par semaine
o Selles molles rarement présentes sans l’utilisation de laxatif
o Critères insuffisamment remplis pour un syndrome de l’intestin irritable
o Critères remplis pendant les 3 mois précédents, avec début de la symptomatologie au moins 6 mois avant le diagnostic
6.6.1 Auto-assistance pour la constipation
o Modification subite de la défécation—en particulier si âge > 40
o Douleurs à la défécation
o Sang sur les selles ou selles noires et avec un aspect de goudron
o Nécessité d’utiliser régulièrement des laxatifs (tous les 2–3 jours ou plus)
o Constipation survenant avec de la fatigue ou un malaise, des vomissements, une perte pondérale involontaire, des maux de tête, de la fièvre
o Constipation pendant > 7 jours sans cause apparente
o Fuites de selles liquides ou molles depuis l’anus
Stratégies d’auto-assistance:
o Régime alimentaire:
• Encourager les patients souffrant de constipation à ne pas manquer de prendre un petit-déjeuner, moment de la journée où le réflexe gastrocolique est à son apogée.
• Incorporer les aliments riches en fibres dans le régime alimentaire—par exemple, fruits et légumes, légumes secs, céréales complètes et graines.
• Augmenter de façon graduelle la quantité de fibres dans le régime alimentaire dans le but d’éviter le ballonnement ou le passage de gaz— au cas où le patient trouve que l’ingestion de fibres péjore la symptomatologie (comme cela peut être le cas dans le syndrome de l’intestin irritable ou dans le transit lent) ; il convient d’éviter l’abus fibres.
• Préférer les fruits riches en pectine, telles pommes, fraises, lychees ou poires, afin d’augmenter le volume des selles et ainsi faciliter la défécation.
• Consommer des produits laitiers fermentés contenant des probiotiques pour leur effet bénéfique sur la constipation.
• Boire environ 2 litres d’eau par jour—diminuer la prise de boissons contenant de la caféïne, de l’alcool ou riches en sucre.
• Diminuer l’ingestion d’aliments riches en graisses animales, d’aliments gras et de friture.
• Limiter l’ingestion de sucres raffinés—par exemple, bonbons et desserts très riches.
• Régulariser l’heure des repas et les habitudes alimentaires.
o Exercice physique et stress:
• Essayer de pratiquer un exercice physique modéré pendant au moins 30 minutes par jour.
• Apprendre et utiliser les techniques de relaxation afin de diminuer le stress.
• Mener une vie saine—avec exercice physique régulièr et s’abstenir de fumer.
• Eviter le stress—apprendre à se relaxer, améliorer le sommeil, faire de l’exercice physique régulièrement, respirer profondément et apprendre à mieux gérer le temps.
o Défécation:
• Ne pas réprimer l’envie d’aller à selle.
• Favoriser une bonne position lors de la défécation—se pencher bien en avant, avec le dos droit et un support sous les pieds.
• Prévoir d’aller à selle régulièrement tous les 1–2 jours.
o Demander conseil à un médecin/un pharmacien—dans le cas où une maladie ou un médicament pourrait être à l’origine d’une constipation.
o Essayer de diminuer l’utilisation de médicaments et se focaliser à long terme sur des modifications du régime alimentaire et du style de vie.
o Utiliser des agents augmentant le volume des selles—suppléments de fibres tels ispaghula, guar gum, psyllium, sterculia avec un apport suffisant de liquides.
o Laxatifs émollients—docusate, poloxalkol; ce sont des laxatifs légers qui sont largement utilisés et qui peuvent s’avérer utiles chez les enfants, bien qu’il n’existe que peu de données sur leur efficacité.
o Suppositoires de glycérine—utiles en présence de difficultés d’exonération rectale.
6.6.2 Pharmacien
o Identifier une éventuelle constipation en association avec une prise médicamenteuse—opiacés, traitement par le fer, antacides à base de calcium, antidépresseurs tricycliques, antipsychotiques, chimiothérapie, médicaments anticholinergiques, médicaments anti-parkinson, médicaments antidiarrhéiques pouvant ralentir le transit intestinal, argile ou silicates.
o Les laxatifs traditionnels en vente libre constituent le traitement de première intention, mais ils sont associés à un taux d’insatisfaction élevé [67].
o Les laxatifs de contact (stimulants), tels le séné, et les laxatifs osmotiques, tels le lactulose, peuvent provoquer des douleurs abdominales ainsi que des selles liquides suivies de quelques jours sans défécation, imitant ainsi une constipation et conduisant à des prises de laxatifs supplémentaires et excessives.
o Suppositoires de glycérine.
o Avec un bon entraînement, il est possible de gérer la constipation sans prise de médicaments la plupart du temps.
6.6.3 Médecin de premier recours
o En l’absence de signes d’alarme, des examens de laboratoire de routine ne sont pas indiqués chez tous les patients souffrant de constipation.
o En présence d’un ou plusieurs signes d’alarme, il y a indication à une coloscopie; la coloscopie n’est pas à considérer comme un examen à but diagnostic en l’absence de signe d’alarme.
o Anamnèse et examen physique
o Description du type de défécation—fréquence des selles, forme (Bristol Stool Form Scale, BSFS)
o Mesures déjà prises afin d’améliorer la constipation et les résultats de celles- ci
o Formule sanguine complète, vitesse de sédimentation, protéine C-réactive afin d’exclure une perte de sang occulte ou une inflammation
o Modification du régime alimentaire et du style de vie
o Produits visant à augmenter le volume des selles, laxatifs simples
o Adresser le patient à un gastro-entérologue si aucune amélioration de la constipation
o Proposer des techniques de biofeedback afin de corriger toute dyssynergie du plancher pelvien
6.6.4 Spécialiste
Voir les guides de l’OMG (WGO) sur la constipation (http://www.worldgastroenterology.org/constipation.html).
Notes:
• De nouveaux médicaments vont probablement remplacer les actuels.
• Prescription de médicaments chez les patients avec persistance des symptômes et qui ont essayé les médicaments en vente libre : le linaclotide a été approuvé aux USA et en Europe pour le traitement de la constipation chronique idiopathique et du syndrome du côlon irritable avec constipation chez l’adulte. Le prucalopride a été approuvé en Europe et certains pays asiatiques et de l’Amérique latine pour le traitement de la constipation chronique et le lubiprostone a été approuvé aux USA aussi bien pour la constipation chronique que le syndrome de l’intestin irritable avec constipation (IBS-C).
• Il existe quelque nouvelles approches : le biofeedback pour la dyssynergie et la stimulation sacrée pour l’inertie. La chirurgie ne devrait être envisagée que très, très rarement et que dans des centres expérimentés.